Régis par une harmonie despotique – alliance de passion végétale et de rai- son minérale – des végé- taux ambigus étalent feui- lles, fleurs et fruits d’une géométrie barbare, rigide et circulaire. Rumeurs fau- ves, cris d’oiseaux, grig- notis d’insectes, klaxons sauvages sur brouhaha des cités. Flamboiements irrités des plantes piquan- tes, vernissées, dentues… jungles froides des bétons lisses… hantés les uns et les autres d’animaux équi- voques, fils de la méca- nique et du fantasme. Et surtout, qu’on n’aille pas s’attarder à l’ombre de ces forêts perverses, on en aurait le cerveau digéré, changé en une chlorophylle perplexe.
Quoique j’utilise des symboles dans mes travaux, je ne me considère pas un peintre symboliste. Non plus un artiste de l’absurde. Comme je l’ai dit, je refuse la “spécialisation”, ou faire partie d’un ”mouvement” ou d’une “tendance” quelconque. Pour moi, le “style” est la voie unique à travers laquelle un individu se débarrasse de tout ce qui n’est pas essentiel. C’est le mélange entre la vocation et la culture générale. Car, la culture générale (études et rencontres) ouvre et augmente l’horizon de l’esprit. Ҫa vous permet d’utiliser un “vocabulaire” plus riche, de découvrir une réalité plus vaste. C’est la substance nutritive enfouie dans les profondeurs de vous-mêmes, vos “ressources” privées.(D.G.)
Une fois que vous les avez vues, vous n’oubliez pas facilement les peintures de Devis Grebu. Ce natif de Roumanie a peaufiné une formule d’images disparates et comiques sur un monde surréel, tandis qu’il exprime une affirmation rationnelle sur un événement particulier qui touche la planète. L’observateur regarde, puis regarde à nouveau, avec une curiosité élargie au contexte, à la technique propre de l’artiste.
- Extrait d’un article paru dans “The New York Times”.
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Il n’est pas seulement un dessinateur de classe. Il est aussi un peintre intéressant. Abstrait, symboliste, surréaliste? Il est tout cela à la fois. Mais, chez lui, pas de recherches chaotiques; pas d’expériences relevant du non art. Ne s’enfermant pas dans un cercle étroit, il refuse de tourner le dos à la nature, à la civilisation, mais il cherche à les recréer, les façonner à sa manière. Et c’est précisément parce qu’il refuse de reproduire les objets tels qu’on les connait qu’il réussit à aviver ses créations en les rendant frémissantes. Les personnages de Grebu sont gracieux, furtifs. Ils ne cherchent pas à confier au spectateur leurs angoisses, leurs désirs inassouvis. Ils donnent plutôt l’impression d’évoluer dans un monde où règnent le calme, la sérénité, la rêverie. Compositions légères, aériennes, sans formules précieuses, sans provocation, conservant toujours le sens de la mesure et par cela même plus authentiques. Palette riche, généreuse, elle cree tantôt des labyrinthes, symboles de la vie, tantôt des intérieurs enchantés et parfumés d’une mystérieuse ironie, tantôt des compositions stylisées rappelant dans un sens celles du peintre italien Massimo Campigli. Lorsque ses compositions paraissent abstraites, elles n’abandonnent pas pour cela les lois cosmiques. On sent une présence humaine … toujours, partout … une communion de l’homme ou des oiseaux fabuleux et farouches avec le monde extérieur. Humoriste, philosophe à sa façon, coloriste délicat, Grebu a créé une œuvre dont les qualités picturales s’expriment avec une sincérité totale.
Zvi Sas – Critique d’art, article sur l'exposition personnelle de Devis Grebu à la “Galerie Nouvelle” - Tel Aviv - 1972