Devis Grebu

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De même que dans certains de nos cauchemars, les reflets de soi, fracassés en milliers de fragments, se réverbèrent à l’infini, lam- beaux d’une âme qui cha- vire dans ses marées d’équinoxe, rêves brisés, démâtés, dérivant au bord de l’impensable.

Yvette Metral
- dans la Monographie éditée par Rizzoli:   “Devis Grebu
- Through an artist’s eye"

Je n'ai jamais cherché à inventer des démarches ou résoudre des problèmes théoriques sur la peinture en général, ou la mienne en particulier. J'ai préféré laisser aller mon instinct volatil, mais profondément réel. Dans un sens, mon évolution artistique a été solitaire. Je ne me sens influencé de manière déterminante par aucune tendance majeure, école ou courant artistique, du passé ou récentes, que je suivrais à la lettre. Mais plutôt par mes propres expériences vitales, comme par exemple… tomber amoureux. Certes, certains artistes exceptionnels, célèbres ou moins connus, m'ont influencé, mais plutôt indirectement. Je reconnais que j'ai eu parfois certaines rencontres miraculeuses, " révélations " qui, à l'occasion, m'ont insidieusement pénétré de sensations, de sentiments inconnus jusqu'alors. Et un beau jour - sans règle ni préavis - une explosion se produisait et secouait les routines bien établies, nonobstant les petits dégâts collatéraux, m'incitant à fignoler " mon " style. Pour citer quelques-unes de ces rencontres : Bonnard, Matisse, Francis Bacon, Alice Neel, Saul Steinberg… De même, je fus profondément ému par des oeuvres aussi différentes que les " papyrus " égyptiens, ou le fantastique " Palais Idéal " qu'un facteur postal nommé Cheval passa toute sa vie à bâtir, à l'aide de ses bras, d'une brouette et de milliers de pierres.

L’expérience aide
à se
débarrasser des
éléments
inutiles:
c'est
cela
styliser.

 

En somme, le style, ce serait la manière propre à un individu d'éliminer l'inessentiel, de choisir
ses matériaux, mais aussi sa manière de vivre et de sentir. On l'a ou on ne l'a pas, mais on n'en change pas. Car ce choix n'est pas conscient, volontaire. Ainsi, je ne me rends pas compte de mon "propre style". On me reconnaît, paraît-il, à travers mes oeuvres les plus diverses. Mais à quoi on me reconnaît, je l'ignore.